Les vivaces à cycle court : On vous simplifie comment ça marche !

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Les vivaces à cycle court : On vous simplifie comment ça marche !

On aime tous mettre les mains dans la terre à l’automne, planter des ribambelles de bulbes refermant en eux le précieux pouvoir d’enchanter notre printemps.

Oui les fleurs à bulbes sont vivaces, mais … ! 

Depuis des années, les groupies de fleurs (que nous sommes!) ont sélectionné des variétés de fleurs florifères : plus de pétales, plus de couleurs, des textures funky, des fleurs plus grosses etc … On les aime car elles sont tout simplement uniques et sortent de l’ordinaire.

Nous constatons cependant que la floraison des tulipes de spécialité (perroquets, doubles, viridiflora, Rembrandt modernes, etc.) a tendance à faiblir après deux ou trois printemps voire disparaît complètement. Il s’agit d'une propriété propre à la nature même de ces variétés et aux conditions dans lesquelles elles sont cultivées. 

Comme mentionné plus haut, ce sont des hybrides sélectionnés pour leurs qualités esthétiques. Et comme dans tout processus de sélection, la capacité à se régénérer et à se multiplier naturellement a été réduite. La majorité des bulbes proviennent des Pays-Bas qui cultivent dans le but de fournir l’industrie de la fleur coupée et ce depuis des centaines d'années. C’est pourquoi la persistance du bulbe importe moins que ces qualités esthétiques (longueur de tiges, floraison impressionnante…). Par exemple sur la ferme, nous ne laissons pas les bulbes en terre, nous récoltons les tulipes avec leur bulbes afin de les stocker en chambre froide afin de prolonger leur durée de vie, les tiges ne sont coupées qu’au moment de la mise en bouquet afin d’assurer une fraîcheur maximum au client. 

Les tulipes les plus connues pour leur naturalisation sont les tulipes botaniques, qui fabriquent des bulbes solides capables de se diviser et de se maintenir pendant des décennies. Après la floraison, le bulbe-mère se fragmente en plusieurs petits bulbilles. Ces derniers sont trop petits pour fleurir dès l’année suivante, et ils doivent grossir plusieurs saisons avant d’y parvenir. 

 

Un autre facteur très important qui entre en compte dans la floraison sont les conditions de culture.


Dans un sol lourd ou humide, les bulbes risquent de pourrir l’été, surtout quand ils sont en repos et qu’ils ont besoin de sécher. Même dans un sol bien drainé, les tulipes de spécialité supportent mal de rester au même endroit plusieurs années : elles ont tendance à « descendre » plus profondément dans le sol en se régénérant, ce qui rend leur reprise difficile. C’est pourquoi, en pratique, elles sont souvent traitées comme des annuelles et replantées chaque année à partir de bulbes produits aux Pays-Bas, où les conditions de culture sont optimisées pour la multiplication.

Au sein des tulipes de spécialité nous remarquons tout de même des variétés qui reviennent beaucoup plus que d’autres telles que les tulipes viridiflora, les emperor et les darwin. 


En résumé, voici à quoi ressemble le cycle de vie d’une tulipe de spécialité : 

Année 1 : la floraison spectaculaire
Les bulbes sont bien calibrés, produits en Hollande dans des conditions idéales (sol sablonneux, climat tempéré, culture en plein champ, arrachage et séchage contrôlés). Ces bulbes sont gorgés de réserves et conçus pour offrir une floraison maximale. Le printemps venu, les fleurs sont magnifiques : grandes, colorées, fidèles à la variété. Le bulbe-mère a utilisé une bonne partie de ses réserves pour produire cette floraison.

Année 2 : la fragmentation
Après la floraison, le bulbe-mère se régénère, mais il a tendance à se fragmenter en plusieurs petites bulbilles. Certains restent attachés au bulbe principal, d’autres se détachent. Le problème, c’est que ces bulbilles sont trop petites pour fleurir dès l’année suivante. Le bulbe principal, lui, a perdu de la vigueur. La floraison du printemps suivant est donc souvent moins généreuse : quelques fleurs encore belles, mais souvent plus petites ou moins nombreuses.

Année 3 : la dispersion
Le processus continue. Le bulbe-mère s’épuise et finit parfois par disparaître, laissant derrière lui une poignée de bulbilles. Ceux-ci survivent, mais ils mettent plusieurs années à grossir. Entre-temps, la parcelle peut sembler vide ou avec seulement quelques fleurs éparses. Les tulipes semblent « avoir disparu ».

Années 4 et suivantes : la raréfaction
À ce stade, seules les bulbilles les plus résistantes continuent leur croissance. Au bout de quatre à cinq ans, quelques-unes peuvent redevenir assez grosses pour fleurir, mais jamais avec l’abondance et l’uniformité du premier printemps. Le tapis spectaculaire du départ s’est transformé en une floraison sporadique. Beaucoup de bulbilles se seront perdus, soit en pourrissant à cause d’un excès d’humidité, soit en restant trop petits pour survivre.

En résumé : les tulipes de spécialité déclinent parce que le gros bulbe initial, créé pour offrir une floraison immédiate, se fragmente vite en petits bulbes trop faibles pour assurer une continuité. Ce phénomène est accentué par l’humidité des sols, qui empêche une bonne régénération. C’est pour cela qu’on conseille de les traiter comme des annuelles et de replanter chaque automne si on veut retrouver chaque année l’effet spectaculaire de la première floraison.

Pour ceux qui désirent faire persister leur stock, il y a tout de même uns solution : La multiplication

Multiplier les tulipes horticoles spécialisées est possible, mais ce n’est pas garanti ni rapide. Chaque bulbe-mère forme de petits bulbes latéraux, appelés bulbilles. On peut les séparer du bulbe principal et les replanter, mais comme ils sont très petits, ils prennent généralement plusieurs années avant de fleurir. Beaucoup de ces bulbilles ne survivent pas : certains pourrissent si le sol est trop humide, d’autres s’épuisent avant d’avoir eu le temps de grossir.

Dans de bonnes conditions – sol bien drainé, emplacement ensoleillé, soins réguliers – on peut espérer que moins de la moitié de ces bulbilles réussissent à se développer et à donner des fleurs après trois à cinq ans. Autrement dit, ça fonctionne, mais il faut être patient et accepter des pertes en chemin. Les tulipes botaniques ou Darwin s’y prêtent beaucoup mieux, alors que les variétés très hybrides, comme les perroquets ou les doubles, sont capricieuses et se prêtent mal à la multiplication artisanale.

Le déclin des tulipes de spécialité après quelques années ne s’explique pas simplement par un manque d’énergie ponctuel, comme si la plante avait juste « faim » et qu’il suffisait de la nourrir davantage. Il est lié à deux réalités combinées :

  1. Leur nature génétique. Ces tulipes sont le résultat d’une sélection horticole très poussée. On les a choisies pour leurs formes extravagantes, leurs couleurs particulières, leurs pétales frisés ou multiples. Mais cette sélection s’est souvent faite au détriment de leur capacité à se multiplier et à se maintenir dans le temps. Contrairement aux espèces botaniques, qui fabriquent de gros bulbes solides capables de se diviser et de se régénérer pendant des décennies, les tulipes de spécialité forment des bulbes fragiles qui, après une ou deux floraisons, ont tendance à se fragmenter en bulbilles minuscules. Ces bulbilles mettent plusieurs années avant de fleurir et beaucoup disparaissent avant d’y parvenir.

  2. Leurs conditions de culture. Dans la nature, les tulipes passent l’été au sec. Dans nos jardins, surtout en climat humide ou en sols lourds, les bulbes ont du mal à sécher correctement et risquent de pourrir. Même dans un sol bien drainé, ils s’enfoncent un peu plus profondément chaque année en se régénérant, ce qui rend leur reprise difficile. Le résultat, c’est que la floraison s’affaiblit ou cesse au bout de quelques années si on ne renouvelle pas les bulbes.

Les vraies vivaces

Parmi les tulipes, toutes ne se comportent pas de la même façon au jardin. Certaines variétés sont réputées plus vivaces, capables de refleurir fidèlement plusieurs années de suite, voire de se naturaliser. C’est le cas avant tout des tulipes botaniques et de certains hybrides proches de ces espèces. On retrouve dans ce groupe les tulipes Kaufmanniana, Fosteriana, Greigii ou encore Clusiana, qui offrent non seulement une belle palette de couleurs mais aussi une remarquable longévité. Plantées dans un sol bien drainé, en plein soleil, elles se multiplient peu à peu et forment des colonies qui durent parfois plusieurs décennies.

Les hybrides Darwin, issus du croisement entre tulipes Fosteriana et d’autres variétés, sont également considérés comme de bonnes vivaces. Leurs grandes fleurs en coupe simple, souvent rouges ou orangées, refleurissent généralement trois à cinq ans de suite avant de décliner, à condition de bénéficier d’un emplacement sec en été. Ces hybrides sont parmi les plus robustes des tulipes horticoles modernes.

Chez Floramama, notre coeur est définitivement aux tulipes de spécialités car elles correspondent à nos critères esthétiques et que nous sommes avant tout une ferme qui produit des fleurs dans le but de faire de magnifiques bouquets ! Mais nous sommes toujours désireuses de partager notre savoir afin d’outiller les floriculteurs.rices qui désirent mettre de la beauté dans leur vie 🙂

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